Éditions Charleston, 2019, 398 pages
ALICE AU PAYS DES CHAUSSETTES SŒURS
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Alice est une jeune femme franco-américaine, fraîchement débarquée à Paris pour reconstruire une nouvelle vie. Elle tente de prendre sur elle et de se répéter qu’elle est « une fille normale à qui il n’est jamais rien arrivé ». Mais en fait elle est en proie à d’importantes crises d’angoisse et souffre de troubles obsessionnels compulsifs. Après des entretiens qui n’aboutissent à rien, elle décroche inopinément un emploi dans une start-up dont l’objectif est de réunir les chaussettes dépariées partout dans le monde. L’idée paraît saugrenue mais tant qu’Alice peut continuer à dresser des barrières entre elle et les autres, le reste importe peu. Au travers d’un journal intime qu’elle tenait sept ans plus tôt à Londres, Alice y raconte ses difficultés à tomber enceinte. Dans son introspection, elle revient aussi sur son enfance dans le Rhode Island et son lien très fort avec sa sœur cadette, Scarlett. Quel lourd secret la Alice du présent s’efforce-t-elle de dissimuler ? Quand va-t-elle cesser de fuir le passé ? Ce qu’elle ignore encore, c’est que la vie est faite d’imprévus et de rencontres qui l’obligeront tôt ou tard à affronter la réalité. Mais peut-elle se permettre d’être à nouveau heureuse ?
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LUMIÈRE SUR MON RESSENTI…
Cher Bruce Willis,
Es-tu au courant qu’Alice, l’héroïne de La vie rêvée des chaussettes orphelines, a fait de toi son interlocuteur imaginaire dans son vieux journal intime ? Des bribes de souvenirs glissés entre les chapitres de sa nouvelle vie parisienne… Et grâce à toi, j’ai pu remonter le cours de son existence pour comprendre ses névroses du présent. L’histoire est si bien racontée, si haletante et incroyable que même après avoir refermé les dernières pages, je suis encore marquée par le livre.
Il faut dire que pour moi les romans de Marie Vareille sont comme des chocolats : c’est plein de douceur, ça rend accroc et surtout ça met de bonne humeur. Seulement, ce septième roman de l’écrivain laisse un goût bien différent de ce à quoi elle m’avait habituée. Je pensais lire de la chick lit, destinée à un public féminin, comme c’est le cas dans ses trois précédentes comédies. Certes l’histoire contient de la romance et de l’humour – et le nom de Ryan Gosling est encore une fois mentionné (la référence absolue du beau gosse, désolée Bruce). Ça parle bel et bien d’amour, mais sous toutes ses formes : amour filial, fraternel et amour de soi aussi. Avec La vie rêvée des chaussettes orphelines, la jeune romancière franchit un palier supplémentaire. C’est le roman de la maturité et à mes yeux son livre le plus réussi. A travers le personnage d’Alice, elle offre une vraie réflexion sur la nature humaine, notre aptitude à affronter des situations difficiles et à en tirer le meilleur parti. La citation en début de livre en est la parfaite illustration :
Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.
Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme.
Le leitmotiv du livre est clair : c’est celui de la résilience. Dans son changement de vie, Alice va se réinventer et s’épanouir grâce à son rapport aux autres.
Avec une plume légère, toute en émotion et en nuance, Marie Vareille dessine une galerie de personnages attachants. A commencer bien sûr par Alice, qui est brisée et qui possède pourtant une force intérieure admirable. Mais les collègues de travail ne sont pas en reste : entre Chris le patron loufoque, son associé Jérémy dont la relation avec Alice ne commence pas sous les meilleurs auspices. Il y a aussi Saranya, l’amie indienne, qui parle tout le temps et à un sérieux problème avec la ponctualité. Et puis bien sûr il y a Scarlett (nom qui fait référence à Autant en emporte le vent), la sœur d’Alice que le lecteur va découvrir à travers le journal intime et qui aime « les chansons qui commencent doucement et qui s’accélèrent ensuite ». Marie Vareille nous dresse d’ailleurs une liste de titres musicaux à la fin du livre, comme elle le ferait sur son blog. Avec cette tendance à partager ses coups de coeur et faire des références à la pop culture, elle a l’art de créer une certaine complicité avec ses lecteurs.
Comme le dit le titre d’un livre de Philip K. Dick, ne pas se fier à la couverture au ton léger, ni d’ailleurs à ce titre à rallonge propre aux romans feel-good. Bien entendu c’est une histoire qui sert à redonner le sourire mais derrière ces chaussettes orphelines se cache un vrai drame psychologique. C’est un roman magnifique, plein d’émotion qui ne ressemble à aucun autre livre, avec un retournement de situation qui relève du génie. Je n’en dirai pas plus, seuls les curieux méritent de découvrir les secrets qu’il renferme !

Je l’ai lu par hasard le mois dernier, une très agréable surprise !!
Je suis contente de te lire sur le blog !! On est d’accord, à recommander les yeux fermés 🙂